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dans les rapports avec notre ordre social. Tu peux juger par toi-même qu’il en est résulté un affaiblissement, lorsque nous comptions, nous, sur l’accroissement de notre influence. Maintenant, elle commence à reprendre et ce n’est pas par un seul effort que nous lui rendrons sa première extension.

Tes vantardises au sujet de la société de la « Terre et Liberté » ne lui furent d’aucune utilité. Ces sortes de procédés ne peuvent nous convenir. Et personne n’a voulu te prendre au sérieux. Le résultat que tu as obtenu est que ceux qui étaient disposés à s’associer à nous, en voyant d’après toi, que la Société prétend à affirmer des choses absurdes, s’abstiennent de s’y affilier.

Voilà donc pourquoi il nous sera difficile de nous mettre d’accord. Tu veux que tout se fasse plus vite et de suite, tu jettes l’alarme et les affaires n’avancent pas. Tu ne vas point me soupçonner de conservatisme, je l’espère ; moi, je veux que les choses se préparent sur un terrain ferme et que toutes les paroles viennent à temps, dans leur lieu et place. Il y a bien des choses qui pourront s’accomplir dans le cours d’une année et qui, à présent, ne serviraient, peut-être, qu’à entretenir une réaction. Pour notre action, il nous faut du calme, il faut que tout soit pesé et arrivé dans des circonstances opportunes, combiné avec les événements ; que les voies soient d’avance préparées et les hommes trouvés. En un mot, je suis pour la propagande adéquate qui doit se faire dans l’espace du temps, la propagande par la parole et par l’organe et l’extension de notre Société elle-même. Nous changerons notre langage suivant l’aspect que présenteront les circonstances. Les erreurs que nous avons commises ne sont déjà