Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nement d’un caractère particulier, qui mit tous les amis de Bakounine en froid avec lui. Il s’immisça dans les relations personnelles de Biélinski, de W. Botkine et de Katkoff, qui s’en froissèrent au dernier point. Niéwiédienski s’exprime très nettement à ce sujet, ajoutant que Bakounine « avait répandu quelques cancans sur Katkoff, où il ne figurait pas tout seul. »

Bien que Bakounine se plût à écouter toutes sortes de potins, et, souvent, ne pût retenir sa langue, assurément il ne s’agit pas ici d’un cancan dans le sens vulgaire du mot ; c’était plutôt une manie chez lui de tout réduire en théorie, même les choses les plus insignifiantes de la vie de ses amis ; semblable en cela au type dépeint par Tourguéneff dans son Hamlet du district de Stchigry et dans son Roudine, ce qui, d’ailleurs, était d’une pratique courante dans le cercle philosophique de Moscou.

Quelque temps auparavant, Katkoff avait recommandé Bakounine à Kraévski, directeur des Annales patriotiques, non seulement comme un collaborateur utile pour la partie philosophique de sa revue, mais encore comme une personne qui lui était chère. Cependant, bientôt après, Katkoff rencontrant Bakounine chez Biélinski à Pétersbourg (au commencement d’août, 1840), se laissa aller aux insultes et même aux voies de fait. Bakounine demanda réparation, mais en même temps il trouva moyen d’arranger l’affaire, de sorte que le duel n’eut pas lieu.

À propos de cet incident, Ogareff écrivit à Herzen :

« Probablement l’un a gifflé l’autre et c’est celui-ci