Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour cette année, et ce n’est pas de notre faute si nous manquons d’adresses. La lettre qui était entre les mains de Quanten, qui l’a probablement déjà détruite, et qui excita tant de murmures de ta part, n’était autre que celle que Sacha lui avait envoyée et qui lui fut retournée, faute d’avoir trouvé les personnes à l’adresse indiquée. Si maintenant tu insistais pour avoir de nouvelles adresses, dans le cas où elles me parviendraient, je te le dis franchement, j’hésiterais à te les donner. Ta confiance illimitée en tous ces blagueurs de tous les étages, ton agitation fiévreuse te poussant à chercher toujours un auditoire, t’entraînerait, et, malgré toi, tu livrerais le secret. Saurions-nous prévoir ce qui pourrait en résulter plus tard, en le livrant au hasard entre les mains de nouveaux dépositaires ? Dans tous les cas, je me serais efforcé de trouver une adresse pour toi qui ne compromettrait personne. Mais, pour le moment, je n’en ai pas en vue. Nous ne faisons qu’entrevoir la possibilité de nouer quelques relations, mais cela ne peut s’organiser que d’ici un mois. Toutes tes accusations tombent donc d’elles-mêmes.

Il me semble que ce sont là des cas particuliers, auxquels tu attribues une grande importance ; et cela grâce à ton tempérament fiévreux qui te rend toujours inquiet. Tes transitions brusques de l’amour à la haine pour les hommes, que tu éprouves si souvent en entrant en relations avec eux, sembleraient être enfantées par une imagination inquiète, plutôt que par une appréciation raisonnée. Prenons comme exemple ta première et tes dernières lettres sur Quanten. Aussi, dans ta mémoire, repasse toute la série de tes relations : avec Woul., Cwercz., Dem., Lap., Kel. et autres ; tu y trouveras toujours, grâce à ta bonté naturelle, plus d’in-