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l’argent donna par Bran., lorsque « l’Adresse » fut partout reproduite, j’ai cru, que toi et les officiers russes, vous aviez le devoir d’affirmer vos paroles par l’action. Et lorsque Ogareff et moi, nous vîmes que tu allais t’établir en Suède, craignant pour toi, nous t’avons envoyé des télégrammes. Le fait seul, que tu avais mis le pied sur le bateau te disculpe entièrement ; pourquoi me le reproches-tu donc pour la septième fois ? Tu n’avais pas d’autre issue que d’essayer d’aller en Pologne.

Que l’affaire polonaise fût mal organisée de notre part, que cette cause, bien que juste relativement, ne fut pas la nôtre, cela a été suffisamment prouvé ; comme je viens de le dire, c’en eût été fait de toi. Et si tu dois faire encore une publication quelconque, je t’en supplie, sois prudent comme le serpent. Songe que nous cherchons à réaliser un principe social. Et chez qui le trouvons-nous, chez Demontovitcz l’insurgé ou chez les satrapes de Pétersbourg qui distribuent les terres des seigneurs aux paysans ? « Nous ne pouvons cependant pas marcher avec Mouravieff. » — Certes non ; ce qui nous reste à faire, c’est de nous éclipser momentanément et de travailler dans l’ombre ; il n’y a pas de « calamité publique ». Il faut choisir l’un des deux partis ; se vouer à l’action utilement ou rester tranquilles. Ton Finnois a parfaitement raison de dire que les bruits anticipés perdent la cause… Ses lettres sont pleines d’esprit.


(Copiée d’après le brouillon).