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damnée » de Lapinski, chargé par celui-ci d’espionner tout le monde.

Les plus vaillants de toute cette expédition étaient les jeunes Polonais sincèrement dévoués à la cause, qui allaient gaiement à la mort, sans faire de phrases. Avec eux, on mourrait sans tristesse. La position de notre Reinhard n’était pas des plus enviables. On l’appelait Moscal[1] et on lui demandait ce qu’il était venu faire au milieu des Polonais ? Cependant, ni Lapinski, ni Demontowicz lui-même ne voulurent se donner la peine d’expliquer à leurs compatriotes la présence du jeune Russe parmi eux, ce qui, à mon avis, eût été indispensable : Bref, à chaque pas, je me suis heurté à des malentendus occultes, songeant qu’il fallait avoir une foi bien ferme en notre bonne étoile pour espérer la réussite de cette malencontreuse expédition. La trahison de notre capitaine, systématiquement tramée, lui a porté le dernier coup.

À la suite des négociations que l’agence de la Compagnie s’évertuait à éterniser, celle-ci se décida, enfin, à nous donner un capitaine et un équipage danois, afin de conduire notre malheureux vapeur, abandonné des Anglais, seulement jusqu’au port de Malmoë, et non plus loin. Quand à nous mener à Gothland, l’agence ne voulut pas en entendre parler. Le capitaine et les matelots pourtant consentirent. . . . . . . . . . . .


Nota. — Nous n’avons pas la fin de cette lettre. L’histoire de cette expédition, organisée sous la direction de personnages équivoques, est racontée par Herzen dans ses « Œuvres posthumes. » (Drag.).

  1. Moscovite, terme de mépris et de haine que les Polonais donnent aux Russes (Trad.).