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LETTRE DE BAKOUNINE À HERZEN
ET À OGAREFF[1]


(Fragment.)


… pour une force réelle et utile au plus haut degré. À ce point de vue, ce serait donc un véritable crime de ma part que de marcher contre vous et même de me séparer de vous, avant d’avoir usé tous les moyens de conciliation, afin d’arriver à l’union complète, de sacrifier, s’il le fallait, mon amour-propre, en renonçant à certaines de mes idées secondaires. Je le ferais d’autant plus volontiers que nous poursuivons, à ce qu’il me paraît, le même but, que ce n’est que dans les voies et les moyens d’y arriver que nous différons. Ce serait, donc, plus qu’un crime de ma part, ce serait une ineptie. Vous avez créé une force remarquable et ce ne serait point une chose facile que d’en créer une autre pareille. D’ailleurs, je ne possède pas les talents de Herzen, pris dans le sens le plus étendu du mot, et je ne peux prétendre l’égaler en ce qui concerne la littérature. Cependant, je sens en moi une noble force autrement utile ; peut-être ne me la reconnaissez-vous pas, mais j’en ai moi-même conscience. Et je

  1. Le caractère de ce fragment nous fait supposer qu’il se rapporte à la même époque que la lettre suivante. Celle-ci, de même que ce fragment, nous révèle les dissentiments entre Bakounine et ses amis, Herzen et Ogareff, qui surgirent déjà bientôt après son arrivée à Londres et qui ne discontinuèrent pas durant toute leur vie, surtout entre Herzen et Bakounine (Drag.)