Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ments ne devrais-je pas éprouver en lisant ces pages, où aveuglés mal renseignés vous étalez le mensonge et la calomnie, où vous attaquez cet homme, unique en Russie, qui mériterait toute notre énergique défense.

Écoute, Herzen, si tu veux prêter foi à mes paroles, tu peux te dispenser d’insérer cette réponse que je fais à la Cloche, car j’espère que toi-même, tu sauras donner une satisfaction complète à Mouravieff « sans réticences et sans équivoques »[1], dans des termes que tu dois à cet homme de bien, en observant toutefois, dans tes expressions la prudence nécessaire pour ne pas le compromettre vis-à-vis du gouvernement russe. Mais, si tu ne peux croire à ce que je te dis, ou que tu n’y crois qu’à moitié, et qu’il reste au fond de ta pensée le moindre doute à ce sujet, je te conjure alors, au nom de notre amitié, de tout ce qui nous a uni jusqu’à ce jour, de publier ma réponse tout entière, sans y faire les moindres coupures, avec ma signature si tu le trouves nécessaire. Il y a de ces situations où l’on est obligé d’envoyer la prudence et toutes les autres combinaisons au diable. Je n’ignore pas que la publication de ma réponse pourrait avoir de très grands inconvénients pour moi ; d’abord, cela contribuerait à me clouer en Sibérie encore pour plusieurs années ; en deuxième lieu, elle pourrait prématurément compromettre Mouravieff vis-à-vis du gouvernement et nous tous, dans la personne de Pietrachevski, vis-à-vis du public russe. Enfin, elle compromettrait la Cloche elle-même, qui vient de faire déjà une gaffe maladroite et grossière. Et encore une fois je ne te

  1. Nous mettons entre guillemets les propres termes de Bakounine écrits en français. (Trad.)