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CORRESPONDANCE DE MICHEL BAKOUNINE

LETTRE DE BAKOUNINE À HERZEN.


8 décembre 1860, Irkoutsk.


Mon ami Herzen,


J’ai reçu ton mot au moment où je finissais mon article « Réponse à la Cloche », que je joins à cette lettre. Il serait superflu de te dire combien fut grande ma joie à la vue de ces chères lignes écrites de ta main. Cette courte lettre m’encouragea, car elle éveilla en moi l’espoir que mes paroles seront bien accueillies par toi. C’est la troisième missive que je t’adresse. La première, qui comprenait vingt feuilles, au moins, ne t’est pas parvenue ; la seconde te sera remise par ton ami X… qui est parti d’ici depuis trois semaines déjà[1]. J’espère qu’elle te parviendra, sinon

  1. Dans cette seconde lettre qui s’étend sur plus de quarante-neuf pages imprimées du texte russe, Bakounine fait l’apologie de Mouravieff, gouverneur-général de la Sibérie orientale, et s’efforce de démontrer à ses amis combien cet administrateur est un homme supérieur. Très impressionnable et d’un tempérament sanguin, Bakounine se laissait entraîner facilement. Dans son éternelle recherche des hommes déterminés, utiles à la révolution, il attribuait souvent aux personnes qu’il rencontrait des mérites qu’elles n’avaient pas. Mais désillusionné après, il ne continuait pas moins à persister à leur reconnaître les qualités qui l’avaient séduit d’abord, se basant sur celles pour lesquelles il avait idéalisé la personnes (Trad.)