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daient les Slaves, les Russes au moins, comme un peuple au plus haut point réaliste, et surtout peu religieux ; ils cherchaient l’idéal politique du slavisme dans une démocratie analogue à celle décrite par les auteurs byzantins.

L’école orthodoxe des slavophiles de Moscou (Khomiakoff, les frères Aksakoff et autres) voyait elle-même l’idéal de l’État national non pas dans l’empire bureaucratique de Nicolas Ier (comme l’adoptait la fraction de Pogodine), mais dans l’ancien État Moscovite avec ses « tchélobitiés » (suppliques présentées au tzar avec génuflexion) et son parlement. D’autres (panslavistes petits-russiens de l’école Kostomaroff), creusèrent plus profondément les anciennes institutions et reconnurent l’idéal national de l’État slavo-russe dans les assemblées populaires de Kieff et de Novgorod, continuées par les assemblées cosaques. Herzen et Bakounine se rapprochaient de ce dernier idéal, reposant sur la science, que représentaient les historiens russes Pavloff et Stchapoff.

Néanmoins, en leur qualité de savants spécialistes, Kostomaroff, Pavloff et Stchapoff étaient assez modérés dans leurs théories abstraites, en même temps qu’ils étaient bien loin d’accepter la doctrine de la décrépitude de l’Occident romano-germanique. Bakounine, lui-même, ne partageait pas ces points de vue. Il admettait seulement que l’influence allemande, aussi bien que l’influence byzantine et tartare, avaient contribué à changer le caractère national libre de la Russie.

Et c’est ainsi que les nationalistes russes, comme