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publier et répandre dans notre patrie le plus possible de brochures et d’autres imprimés, afin de former une masse de cercles actifs dans toute la Russie et de les réunir en une seule société.

En second lieu, nous devons proclamer à haute voix et distinctement le but de la société. Nous n’en pouvons avoir d’autre que le désir de fonder un règne du peuple.

C’est le peuple que nous aimons, en lui repose notre foi, nous voulons ce qu’il veut. Et quel est son désir ? Nous répétons avec le Kolokol : glèbe et liberté !

Il ne lui faut pas une partie des terres russes, mais le sol entier, qui est la propriété inaliénable du peuple russe. Qu’on le lui donne, en le rachetant des nobles ou sans le racheter, — le moyen n’y fait rien.

Le rachat serait possible si la noblesse avait le bon sens de renoncer paisiblement à ce qu’il lui est impossible de garder — c’est-à-dire sa propre existence. Cela deviendra impossible dès que le peuple se verra dans la nécessité de prendre de force ce qui lui appartient d’après la conscience de ses croyances traditionnelles. La noblesse sera alors ruinée — mais tant pis pour elle. Heureuse encore si, pour tous ses anciens péchés, pour ses bévues récentes, elle ne paye que de sa ruine pécuniaire.

D’une manière ou de l’autre, et cela dans un temps bien proche, tout le sol doit devenir la propriété de tout le peuple, tout droit personnel au sol doit être aboli, afin qu’il n’y ait ni petits ni grands propriétaires, point de monopolistes, mais que chaque Russe puisse, par droit de naissance, posséder la terre en commun avec les autres.

Il faut que, se fondant sur ce droit, chaque commune qui émigre puisse, partout en Russie, prendre à toute éternité possession comme propriété communale de tout espace libre, mais que la propriété personnelle soit restreinte à un certain laps de temps. Il faut que, se fondant sur ce même droit, tout individu, à quelle caste qu’il appartienne, puisse se rallier à une commune existante, ou bien, en se réunissant avec d’autres individus, en former une nouvelle.

Je pense qu’en donnant au peuple un droit exclusif à la pro-