Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et, en apparence, si sincères de la liberté bourgeoise, sont-ils des trompeurs ou des dupes ? Mentent-ils aux ouvriers par défaut de cœur, ou par défaut d’esprit ?

Voyons, Monsieur Coullery, dites-nous, la main sur le cœur, où prenez-vous le courage de venir parler de liberté à l’ouvrier esclave du capital, et de lui prêcher en même temps le respect des principes sur lesquels est fondée l’organisation économique et politique de la société, c’est-à-dire son esclavage ? Est-il vraiment possible que, vous-même, vous ne soyez pas encore arrivé à comprendre qu’où bien la liberté doit renverser ces principes, ou qu’au contraire ces principes annuleront toujours la liberté ?

Quels que soient les principes qui ont inspiré M. Coullery, il est certain que presque tous ses articles, dans la Voix de l’Avenir, ont été dictés par ce socialisme hypocrite des bourgeois, si fraternel dans ses formes, si désespérant et si dur dans le fond. Aussi les réclamations des différentes sections de l’Internationale de la Suisse romande contre les tendances de ce journal n’avaient-elles point tardé à se produire et à se reproduire à plusieurs reprises ; seulement on le souffrait faute de mieux et tant qu’il était encore possible de le souffrir. Ce fut au mois d’octobre, en 1868, après le Congrès de Bruxelles, que la crise éclata.

Cette année est mémorable dans l’histoire du socialisme militant et pratique des travailleurs. Il s’y passa trois faits d’une excessive importance. D’abord, ce fut l’Association internationale des tra-