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pas à Vienne. Malgré tous les obstacles que lui oppose le gouvernement libéral de M. de Beust, appuyé sur les différentes nuances du parti de la bourgeoisie, et malgré toutes les séductions du parti clérical et féodal qui s’efforce en vain de le détourner de son but, le mouvement se propage avec une célérité prodigieuse dans presque toutes les provinces de l’Autriche, unissant, au nom du même programme et sous le même drapeau socialiste, les ouvriers de toutes ces différentes nations dont l’union politique forcée avait constitué jusqu’ici le monstrueux Empire des Habsbourg, boulevard de l’antique Sainte-Alliance catholique et réactionnaire en Europe.

Cet empire vermoulu succombe aujourd’hui sous le poids de ses mensonges et de ses crimes séculaires. Napoléon et Bismarck lui ont donné le coup de grâce. Il ne s’en relèvera pas, malgré tous les réconfortants que le libéralisme, voire même le démocratisme bourgeois, s’efforcent de lui administrer aujourd’hui. La bourgeoisie est elle-même trop malade pour guérir un malade à ce point incurable ; les morts ne ressuscitent pas des morts, et les vivants ont bien autre chose à faire que de s’occuper du raccommodage de ce moribond, qui ne laissera d’autre souvenir dans l’histoire que celui de ses hypocrisies infâmes et de ses impitoyables et sanglantes violences.

La bourgeoisie, qui ne pense plus qu’à se sauver elle-même, se cramponne aujourd’hui à l’Empire