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une agitation ridicule et stérile, et qui porte tout un avenir dans ses flancs, c’est le mouvement international des travailleurs.

En dehors de ce mouvement, que reste-t-il ? D’abord, tout en haut, une chose fort respectable sans doute, mais tout à fait improductive et par dessus le marché fort ruineuse : la brutalité organisée des États. Ensuite, sous la protection de cette brutalité, la grande exploitation financière, commerciale et industrielle, la grande spoliation internationale ; quelques milliers d’hommes internationalement solidaires entre eux et dominant par la puissance de leurs capitaux le monde entier.

Au-dessous d’eux, la moyenne et la petite bourgeoisie, classe jadis intelligente et aisée, mais aujourd’hui étouffée, anéantie et rejetée dans le prolétariat par les envahissements progressifs de la féodalité financière. Elle est maintenant d’autant plus misérable qu’elle unit toutes les vanités d’un monde privilégié avec toutes les misères réelles du monde exploité. C’est une classe condamnée par sa propre histoire et physiologiquement épuisée. Jadis elle marchait en avant, là était toute sa puissance ; aujourd’hui elle recule, elle a peur, elle se condamne elle-même au néant. Si elle avait gardé un peu de cette vitalité énergique, un peu de ce feu sacré qui lui a fait conquérir un monde dans le passé, elle aurait trouvé en elle-même le courage de s’avouer qu’elle est aujourd’hui dans une situation impossible, et qu’à moins d’un effort héroïque de sa part