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bon pour leurs intérêts de nous forcer à leur livrer bataille aujourd’hui.

Ils nous calomnient et nous insultent dans leurs journaux ; ils dénaturent, travestissent et inventent des faits, comptant sur les sympathies de leur public, qui leur pardonnera tout, pourvu que les bourgeois, les patrons soient blanchis et les travail- leurs noircis. Assuré de cette impunité et de cette sympathie, le Journal de Genève surtout, le dévot menteur, se surpasse en mensonges.

Ils ne se contentent pas de nous provoquer et de nous insulter par leurs écrits ; impatients de nous faire perdre patience, ils ont recours à des voies de fait. Leurs tristes enfants, cette jeunesse dorée dont l’oisiveté corrompue et honteuse déserte le travail et les travailleurs ; ces académiciens[1], savants en théologie et ignorants de la science, ces libéraux de la riche bourgeoisie, descendent dans la rue, comme l’an passé, et se réunissent en foule dans les cafés, armés de revolvers mal dissimulés dans leurs poches. On dirait qu’ils redoutent une attaque de la part des ouvriers et qu’ils se croient forcés de la repousser.

Y croient-ils sérieusement ? Non, pas du tout, mais ils se donnent l’air d’y croire, pour avoir le prétexte de s’armer et un motif plausible pour attaquer. Oui,

  1. Bakounine appelle ainsi les étudiants, parce que la réunion des facultés d’enseignement supérieur, à Genève, qui porte aujourd’hui le nom d’université, portait alors celui d’académie.