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traînez de vive force où il ne veut point aller, il luttera, vous échappera et s’enfuira plus loin qu’il n’était auparavant. Est-ce un mal ? Non, puisque c’est par là qu’il rejette le despotisme dès qu’il ne le consent plus. Lui en imposer un qu’il ne consent pas est impossible. Heureusement ! sans cela, il ne serait pas né pour la liberté.

Ces manières de voir ne me paraissent pas celles de la plupart de vos collaborateurs. À mon avis, il importe peu, puisque notre but est le même. Je crois plutôt qu’une discussion de ce genre peut être utile, et qu’il est bon que tous ne parlent pas de même. Seulement, après l’annonce que vous avez bien voulu faire (en termes trop flatteurs) de ma collaboration, j’ai dû signaler ces différences et m’expliquer, une fois pour toutes, avant d’entrer dans le droit commun de l’anonyme, — que sans cela j’eusse accepté tout d’abord.

Agréez, etc.

ANDRÉ LÉO.

Nous avons inséré cette lettre d’autant plus volontiers qu’elle résume éloquemment les raisons qui militent en faveur d’un rapprochement des différents partis démocratiques. Nous en prendrons occasion pour nous expliquer une fois pour toutes sur ce sujet.

Nous comprenons le sentiment élevé qui a dicté la lettre qu’on vient de lire, mais nous ne saurions nous laisser entraîner par ces élans de cœur ; nous savons trop qu’ils ont toujours réussi à perdre la cause du peuple, et nous ne pouvons ni ne devons