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avait voulu, elle aurait pu sauver la France. Mais pour cela elle eût dû sacrifier son argent, sa vie, et s’appuyer franchement sur le prolétariat, comme le firent ses ancêtres les bourgeois de 1793. Eh bien, elle voulut sacrifier son argent encore moins que sa vie, et elle préféra la conquête de la France par les Prussiens à son salut par la révolution populaire.

La question entre les ouvriers des villes et les bourgeois fut assez nettement posée. Les ouvriers ont dit : Nous ferons plutôt sauter les maisons que de livrer nos villes aux Prussiens. Les bourgeois répondirent : Nous ouvrirons plutôt les portes de nos villes aux Prussiens que de vous permettre de faire du désordre public, et nous voulons conserver nos chères maisons à tout prix, dussions-nous même |26 baiser le cul de Messieurs les Prussiens.

Et remarquez que ce sont aujourd’hui ces mêmes bourgeois qui osent insulter la Commune de Paris, cette noble Commune qui sauve l’honneur de la France et, espérons-le, la liberté du monde en même temps ; ce sont ces mêmes bourgeois qui l’insultent aujourd’hui au nom de quoi ? — au nom du patriotisme !

Vraiment, ces bourgeois ont un front d’airain ! Il sont arrivés à un degré d’infamie qui leur a fait perdre jusqu’au dernier sentiment de pudeur. Ils ignorent la honte. Avant d’être morts, ils sont déjà complètement pourris.

Et ce n’est pas seulement en France, compagnons, que la bourgeoisie est pourrie, moralement et intel-