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idées qui font palpiter le cœur des masses, les grands principes, les grands intérêts de l’humanité, n’existent pas. Elle ignore même le patriotisme, ou n’en connaît que la vanité ou les fanfaronnades. Aucun sentiment qui puisse l’arracher aux préoccupations mercantiles, aux misérables soucis du jour au jour. Tout le monde a su, et les hommes de tous les partis nous ont confirmé, que pendant ce terrible siège de Paris, — tandis que le peuple se battait, et que la classe des riches intriguait et préparait la trahison qui livra Paris aux Prussiens, pendant que le prolétariat généreux, les femmes et les enfants du peuple étaient à demi-affamés, — les boutiquiers n’ont eu qu’un seul souci, celui de vendre leurs marchandises, leurs denrées, les objets les plus nécessaires à la subsistance du peuple, au plus haut prix possible.

Les boutiquiers de toutes les villes de France ont fait la même chose. Dans les villes envahies par les Prussiens, ils ont ouvert les portes aux Prussiens. Dans les villes non envahies, ils se préparaient à les ouvrir ; ils paralysèrent la défense nationale, et, partout où ils purent, ils s’opposèrent au soulèvement et à l’armement populaires qui seuls pouvaient sauver la France. Les boutiquiers dans les villes, aussi bien que les paysans dans les campagnes, constituent aujourd’hui l’armée de la réaction. Les paysans pourront et devront |3 être convertis à la révolution, mais les boutiquiers jamais.

Pendant la grande Révolution, la bourgeoisie