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qu’on n’est jamais parvenu à établir un droit international, et qu’on n’a jamais pu le faire précisément parce que, au point de vue de l’État, tout ce qui est dehors de l’État est privé de droit. aussi suffit-il qu’un État déclare la guerre à un autre pour qu’il permette, que dis-je ? pour qu’il commande à ses propres sujets de commettre contre les sujets de l’État ennemi tous les crimes possibles : le meurtre, le viol, le vol, la destruction, l’incendie, le pillage. Et tous ces crimes sont censés être bénis par le Dieu des chrétiens, que chacun des États belligérants considère et proclame (comme) son partisan à l’exclusion de l’autre, — ce qui naturellement doit mettre dans un fameux embarras ce pauvre Bon Dieu, au nom duquel les crimes les plus horribles ont été et continuent d’être commis sur la terre. C’est pourquoi nous sommes les ennemis du Bon Dieu, et nous considérons cette fiction, ce fantôme divin, comme l’une des sources principales des maux qui tourmentent les hommes.

C’est pourquoi nous sommes également les adversaires passionnés de l’État et de tous les États. Parce que tant qu’il y aura des États, il n’y aura point d’humanité, et tant qu’il y aura des États, la guerre |11 et les horribles crimes de la guerre, et la ruine, la misère des peuples, qui en sont les conséquences inévitables, seront permanents.

Tant qu’il aura des États, les masses populaires, même dans les républiques les plus démocratiques, seront esclaves de fait, car elles ne travailleront pas