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ver sur la liste des collaborateurs de cette nouvelle feuille de la bourgeoisie socialiste, parmi beaucoup de noms qui sont comme les coopérateurs obligés de ces sortes d’entreprises littéraires, des noms estimés et aimés, tels que celui de M. Élie Reclus, que nous avions considéré jusqu’ici comme un franc socialiste populaire, aussi bien que ceux de MM. Bebel et Liebknecht, représentants intelligents et zélés de la cause des travailleurs dans le Nord de l’Allemagne, mais qui rendraient le plus mauvais service à cette cause s’ils tentaient de la rattacher à l’entreprise frauduleuse ou stérilement vertueuse du socialisme bourgeois.

D’ailleurs, il est évident que ce journal ne sera rien qu’une pâle copie des États-Unis d’Europe[1]. C’est absolument le même esprit, le même but.

Maintenant, quels sont cet esprit et ce but ? Ils veulent le triomphe de la paix par la liberté, c’est fort bien ; mais cette liberté, par quel moyen se proposent-ils de la conquérir ?

Quelles sont leurs armes pour combattre ce monstre couronné que, dans leur jargon nouveau, ils appellent le césarisme ? Là est toute la question. Césarisme, militarisme et servilisme bureaucratique sont assurément des choses détestables, mais ont-ils une force vivante à leur opposer ? Quelle est la nature de cette force ? Sera-ce celle de leurs arguments, ou celle de leur bourse, ou celle de leurs bras ?

  1. Le journal Les États-Unis d’Europe était l’organe officiel de la Ligue de la paix et de la liberté.