Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/318

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus belles, les plus nobles, pour ne réaliser que les plus honteuses et les plus infâmes. À preuve les barbaries ignobles, atroces, de la dernière guerre, la formation toute récente de cet affreux Empire knouto-germanique, qui est incontestablement une menace contre la liberté de tous les pays de l’Europe, un défi jeté à l’humanité tout entière par le despotisme brutal d’un empereur-sergent de ville et de guerre à la fois, et par la stupide insolence de sa canaille nobiliaire.

|6 Par la Réformation, la bourgeoisie s’était vue complètement délivrée de la tyrannie et du pillage des seigneurs féodaux, en tant que bandits ou pillards indépendants et privés ; mais elle se vit livrée à une nouvelle tyrannie et à un pillage nouveau, et désormais régularisés, sous le nom d’impôts ordinaires et extraordinaires de l’État, par ces mêmes seigneurs devenus des serviteurs, c’est-à-dire des brigands et des pillards légitimes, de l’État. Cette transition du pillage féodal au pillage beaucoup plus régulier et plus systématique de l’État parut d’abord satisfaire la classe moyenne. Il faut en conclure que ce fut pour elle un vrai allégement de sa situation économique et sociale. Mais l’appétit vient en mangeant, dit le proverbe. Les impôts des États, d’abord assez modestes, augmentèrent chaque année dans une proportion inquiétante, pas aussi formidable pourtant que dans les États monarchiques de nos jours. Les guerres, on peut dire incessantes, que ces États, devenus