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propres idées, qu’Aspromonte [1861] et Mentana [1867] n’ont pas suffi, semble-t-il, pour lui démontrer le danger des alliances royales. Il ne veut pas comprendre qu’aucune royauté ne s’armera jamais contre la papauté, et qu’aucun roi italien ne sera jamais assez fou pour allez chercher à Rome la ruine de la monarchie[1].

Aussi bien que Garibaldi et bien avant lui, Mazzini a voulu l’accomplissement de la grande idée : l’unification de toute l’Italie et la destruction de la papauté. Mais il a voulu et il veut encore autre chose : la République italienne ; et il a consacré toute sa grande intelligence, sa volonté de fer, toute sa vie, à la réalisation de ce but. Dans notre siècle, il n’est pas de plus noble, de plus grande existence que la sienne, et si l’Italie, en dépit du mot bien connu du vieux Metternich qui ne voulait voir en elle qu’une « expression géographique », existe politiquement aujourd’hui, certes personne n’y a contribué autant que Mazzini.

Malheureusement, cette Italie qu’il a tant contribué à créer est toute différente de celle qu’il avait rêvée. Quelle est la cause de ce fait aussi incontestable que triste ? C’est que les idées aussi bien que la classe sur lesquelles il avait fondé tout son plan de Renaissance italienne sont également mortes ou prêtes à mourir.

Les idées de Mazzini sont bien connues : c’est

  1. Encore une prédiction que l’événement allait démentir.