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geoise qui, s’étant emparée de tous les emplois lucratifs, malmène, déshonore, pille aujourd’hui l’Italie, et qui, après avoir traîné cette patrie italienne par toutes les boues possibles, l’a fait aboutir aux désastres de Custozza, de Lissa et de Mentana.

Les mazziniens et les garibaldiens se trompent en n’attribuant toutes ces misères et ces hontes qu’à l’action incontestablement pernicieuse de la monarchie. La monarchie, en Italie comme partout, fait le mal, c’est son métier. Mais pourquoi reste-t-elle debout ? Est-ce le peuple qui l’a fondée, acclamée, et qui la soutient encore aujourd’hui ? Non, c’est la bourgeoisie. Et ce n’est pas un prolétaire des campagnes ou des villes, c’est un avocat, un bourgeois, un ci-devant mazzinien et garibaldien, c’est le chef du parti parlementaire radical, Crispi, qui a dit ce mot devenu si célèbre : « La république nous divise, mais la monarchie nous unit ». C’est le parti de Crispi, c’est la fine fleur du radicalisme bourgeois qui, encore aujourd’hui, s’efforce vainement de sauver cette pauvre monarchie qui s’affaisse sous le poids de ses innombrables péchés.

Et pourquoi s’efforce-t-il de la sauver ? Parce qu’il a l’intelligence et l’instinct des vrais intérêts de la bourgeoisie ; parce qu’il a compris qu’aujourd’hui, au moins en Europe, les grandes républiques exclusivement politiques ou bourgeoises étaient devenues impossibles, que le triomphe de la république entraînera nécessairement, immédiatement,