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D’ailleurs le monde bourgeois a bien le droit de me dénigrer. Dans la sphère modeste où je me trouve placé et aussi loin que ma faible parole pouvait retentir, je lui ai dit de dures vérités. J’ai constaté les signes visibles de sa croissante décadence, et je crois avoir démontré qu’engourdie et démoralisée par la jouissance des biens acquis, séparée par un abîme |21 désormais infranchissable du prolétariat qu’elle exploite, ayant perdu cette audace de la pensée et de l’action qui lui avait fait conquérir la puissance politique dont elle abuse maintenant, ne comprenant plus rien au présent, osant encore moins envisager l’avenir, et n’ayant plus de regards que pour un passé qu’aucune force au monde ne saurait lui rendre, la bourgeoisie a perdu toute capacité de créer, soit dans la politique, soit dans le socialisme ; et que, par conséquent, elle doit se résigner à transmettre l’initiative de la vie politique et sociale au monde des travailleurs, qui, pour le bien de tous, doit l’absorber dans son sein.

Toutes ces choses, je l’avoue, sont infiniment désagréables, d’autant plus qu’elles sont d’une vérité incontestable. J’aurais eu donc mauvaise grâce vraiment de me fâcher contre Messieurs les bourgeois lorsqu’ils s’en sont vengés, même par des calomnies. Et ils ne me les ont pas épargnées, je vous assure, surtout depuis ma sortie de la Ligue de la paix et de la liberté, qui s’est effectuée, bien malgré moi, avec un certain éclat. Depuis ce moment, tous les journaux suisses, conservateurs comme démocrates, se