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nous, — et certes, ce n’est pas la bonne volonté qui leur a manqué, ce sont les faits.

Je me trompe, ils en ont trouvé un contre moi. Savez-vous lequel ? Je suis l’ami d’Alexandre Herzen, le panslaviste et le défenseur reconnu de la politique du gouvernement russe. Donc je suis nécessairement un espion russe. Vous le voyez bien, ces Messieurs ne doutent de rien, et ils ne désespèrent pas même de convaincre le public européen que Herzen est un panslaviste et un ami de l’empereur de Russie.

Je vous ai dit, Messieurs, que j’avais dédaigné jusque dans ces derniers temps toutes ces calomnies misérables. Je les avais méprisées, jusqu’au moment où je me suis aperçu qu’on tâchait de les faire pénétrer et de les répandre dans l’Association internationale des travailleurs. Je compris alors qu’il fallait y mettre un terme, une fois pour toutes.

J’avais bien pu rester calme et même en quelque sorte indifférent devant les calomnies qu’on répandait contre moi dans le monde bourgeois. Que voulez-vous, Messieurs ! à tort ou à raison, je considère ce monde comme un moribond auquel, comme j’ai eu l’occasion de le dire une fois, il ne reste plus qu’un seul rôle à remplir : « celui de mourir avec grâce[1] ». Qu’un monde qui se sent mourir radote, qu’il se venge de son impuissance par de méchantes calomnies, quel mal y a-t-il ? Tout cela est fort naturel, et on peut bien lui laisser cette pauvre consolation.

  1. Voir p. 109