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peut être un crime impardonnable aux yeux de MM. Borkheim et Hess. Mais que voulez-vous, Messieurs ? je n’éprouve ni sympathie, ni admiration, ni respect pour ces deux grandes puissances, toutes germaniques qu’elles soient d’origine, de tendances et d’esprit. Sous ce rapport comme sous celui de l’adoration qu’on exige de moi pour la civilisation bourgeoise, ma barbarie est incorrigible.

J’ai dit encore aux Slaves : « Méfiez-vous des passions nationales qu’on cherche à ranimer dans vos cœurs. La monarchie autrichienne qui, pendant sa longue carrière, n’a jamais fait autre chose qu’opprimer les nations, vous parle aujourd’hui de vos droits nationaux. Est-ce qu’elle aurait fini par reconnaître ces droits ? Non, elle veut écraser la liberté par la guerre civile des nationalités, elle veut rompre la solidarité révolutionnaire des peuples en les soulevant les uns contre les autres. Donnez donc la main aux démocrates révolutionnaires allemands, hongrois, italiens ; ne haïssez que vos oppresseurs, les classes privilégiées de toutes les nations, mais unissez-vous de cœur et d’action à leurs |15 victimes éternelles, les peuples. »

Telle est la brochure dans laquelle M. Borkheim va chercher des preuves de mon panslavisme. Ce n’est pas ignoble seulement, c’est bête. Mais ce qui est plus ignoble que bête, c’est que, l’ayant sous les yeux, il en a cité des passages naturellement travestis ou tronqués, mais pas un de ces mots par lesquels je stigmatisais et maudissais l’Empire de Russie,