Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’elle sera fondée sur l’égalité et sur la solidarité réelles de tous : dans le travail et dans la répartition des fruits du travail ; dans l’éducation, dans l’instruction, dans tout ce qui s’appelle le développement corporel, intellectuel et moral, individuel, politique et social de l’homme, aussi bien que dans toutes ces nobles et humaines jouissances de la vie qui n’ont été réservées jusqu’ici qu’aux classes privilégiées.

Cette vaste association de tous les travailleurs de l’Europe et de l’Amérique n’existe que depuis quatre ans, et déjà elle porte en son sein tous les éléments de cette justice et de cette paix universelles que les Congrès bourgeois se sont mis à chercher depuis quelque temps, mais qu’ils ne parviendront jamais à trouver, et cela par une très simple raison. La bourgeoisie est un corps que l’histoire a usé, a flétri, et, comme beaucoup de vieillards qui, à force d’impuissance, tombent dans l’utopie, elle rêve aujourd’hui l’union de choses incompatibles, et veut le but sans vouloir les moyens. Ainsi les bourgeois ne demandent pas mieux que d’adorer platoniquement la justice, à condition toutefois qu’on leur garantisse la jouissance ultérieure des avantages héréditaires de l’iniquité historique. Ils ont soif de la paix, mais ils veulent en même temps la conservation des États politiques actuels, parce que ces États les protègent contre les réclamations mille fois légitimes des masses populaires. Trente siècles d’histoire n’ont pas suffi pour leur démontrer que l’État politique, c’est la guerre permanente au dehors, et l’op-