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Congrès de Berne (septembre 1868), il n’y a d’États vertueux que les États impuissants ; et encore sont-ils bien criminels dans leurs rêves ! » Tous les États actuellement existants, fondés exclusivement sur l’exploitation systématique et réglée du travail populaire par les classes économiquement et politiquement privilégiées, ont pour base la violence et pour but unique l’agrandissement de leur puissance au détriment des peuples voisins et par tous les moyens possibles. C’est pourquoi je conclus à la nécessité de l’abolition de tous les États, comme condition absolue de l’établissement de la justice et de la paix dans le monde.

Mais tout en reconnaissant que tous les États se valent au fond, parce que tous ne respirent qu’injustice, rapine et violence, je ne fais aucune difficulté d’admettre que de tous les États existants, l’Empire russe est le plus détestable, et qu’on ne saurait rendre de plus grand service à l’humanité tout |5 entière qu’en le détruisant au plus vite. Ceci accordé, peut-on rendre les populations russes solidaires de la politique de cet Empire, dont elles sont, les premières, les victimes ?

N’est-ce pas une criante injustice, un non-sens ? À ce compte, il faudrait rendre responsable le peuple français de tous les crimes commis par ses gouvernements ; et, les États germaniques ayant été de tout temps les soutiens les plus zélés, les plus fermes, de tous les despotismes et de toutes les iniquités politiques en Europe, il faudrait déclarer que