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pensent que la révolution politique et la démocratie radicale doivent précéder la révolution et la démocratie sociale ».

Lorsque Bakounine eut lu l’extraordinaire élucubration que le Réveil avait accueillie avec une bien surprenante légèreté, il se fâcha — il y avait de quoi — et prit sa bonne plume pour écrire, de sa meilleure encre, une réponse adressée « Aux citoyens rédacteurs du Réveil ». Mais cette réponse — dans laquelle, après quelques considérations sur le peuple russe, il énumérait les attaques calomnieuses dont il avait été l’objet de la part de divers journalistes allemands, tous Juifs, nommément Hess et Borkheim, et racontait l’incident Liebknecht — eut bien vite atteint de telles proportions, qu’il ne pouvait plus songer à la publier dans un journal. Renonçant alors à faire de son manuscrit, qui avait déjà 37 grandes pages, une lettre au Réveil, il résolut de le transformer en une brochure, où il exposerait en quatre chapitres ses idées socialistes. La brochure devait s’appeler Profession de foi d’un démocrate socialiste russe ; et les 37 pages qu’il avait d’abord destinées au Réveil, transformées en préambule ou en premier chapitre de cette Profession de foi, reçurent le titre assez singulier d’Étude sur les Juifs allemands. Il se hâta de copier au net ces 37 pages[1], et envoya sa copie à Paris, à son jeune ami Aristide Rey. En même temps, il écrivait à Herzen une lettre par laquelle il lui présentait Rey (que Herzen ne connaissait pas encore), en le priant de

  1. À la ligne 10 de la page 37 de la minute originale, après les mots « ce n’est pas enfin cette masse formidable », Bakounine a tiré une double barre verticale, et il a écrit en marge : Envoyé jusque-là. (Voir plus loin, p. 293).