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sistes non moins à réprouver que les moyens d’action qu’il emploie pour les réaliser… On conçoit qu’un patriote russe, quand même il n’aurait aucune arrière-pensée inavouable, telle qu’on la suppose chez le chef des communistes prussiens [M. de Schweitzer], ait des préférences pour des procédés sommaires, aboutissant fatalement à une guerre sociale qui permettrait aux barbares du Nord de rajeunir la civilisation moderne[1]. »

Maurice Hess divisait les délégués de Bâle en deux camps : les « communistes russes » et les « collectivistes de l’Internationale ». Entre les « collectivistes de l’Internationale » (au nombre desquels il se rangeait) et les « communistes russes », il y avait, écrivait-il, « toute la différence qui existe entre la civilisation et la barbarie, entre la liberté et le despotisme, entre des citoyens condamnant toute sorte de violence et des esclaves habitués aux agissements de la force brutale ». Et il ajoutait : « Les collectivistes de l’Internationale

  1. C’est tout à fait l’imputation faite à Herzen par Marx, dans la dernière phrase du tome Ier du Kapital, édition de 1867 : « Si en Europe l’influence de la production capitaliste… continue à se développer parallèlement à l’accroissement du militarisme, des dettes d’État, des impôts, etc., la réalisation de la prophétie faite sérieusement par le demi-Russe mais complet Moscovite Herzen, d’un rajeunissement de l’Europe par le knout et une infusion obligatoire de sang kalmouk, pourrait finir par devenir inévitable (möchte die vom Halbrussen und gangen Moskowiter Herzen so enrst prophezeite Verjüngung Europa’s durch die Knute und obligate Infusion von Kalmücken Blut schliesslich doch unvermeidlich werden). » — Cette phrase, qui a été supprimée dans la traduction russe et la traduction française, a disparu des éditions allemandes postérieures.