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coup d’entre eux pensent qu’il serait de bonne guerre de recourir à cette même pratique pour combattre la bourgeoisie. Ils ont la simplicité de croire que ce qui tue le travail peut l’émanciper, et qu’ils sauront se servir aussi bien que la bourgeoisie elle-même, contre elle, de l’arme au moyen de laquelle la bourgeoisie les écrase.

C’est une grande erreur. Ces hommes naïfs ne se rendent pas compte de la supériorité immense que le monopole de la richesse, de la science et d’une pratique séculaire, aussi bien que l’appui ouvert ou masqué, mais toujours actif, des États, et toute l’organisation de la société actuelle, donnent à la bourgeoisie sur le prolétariat. Ce serait donc une lutte trop inégale pour qu’on pût raisonnablement espérer le succès dans ces conditions-là. Les armes bourgeoises, d’ailleurs, n’étant autres que la concurrence effrénée, la guerre de chacun contre tous, la prospérité conquise sur la ruine des autres, ces armes, ces moyens ne peuvent servir que la bourgeoisie, et nécessairement détruiraient la solidarité, cette seule puissance du prolétariat.

La bourgeoisie le sait bien. Aussi, que voyons-nous ?

Tandis qu’elle continue de combattre avec acharnement les caisses de résistance, les Trades Unions, qui sont le seul moyen de guerre vraiment efficace que les ouvriers puissent aujourd’hui employer contre elle, elle s’est réconciliée tout à fait, après une certaine hésitation, il est vrai, mais qui n’a pas