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ouvrière, elle ne peut aboutir qu’à créer quelques dizaines ou quelques centaines de bourgeois : c’est ce que le Congrès de Lausanne (1867) avait fort bien exprimé par la résolution suivante :

Le Congrès pense que les efforts tentés aujourd’hui par les associations [coopératives] ouvrières, si celles-ci se généralisent en conservant leur forme actuelle, tendent à constituer un QUATRIÈME ÉTAT, ayant au-dessous de lui un CINQUIÈME ÉTAT plus misérable encore.

Ce quatrième état serait formé par un nombre restreint d’ouvriers constituant entre eux une sorte de société en commandite bourgeoise, qui exclurait nécessairement de son sein le cinquième état, c’est-à-dire la grande masse des ouvriers, non associés dans cette coopération, mais au contraire exploités par elle.

Tel est le système coopératif que les socialistes bourgeois ne prêchent pas seulement, mais qu’ils s’efforcent de réaliser, au sein de l’Internationale, les uns sachant fort bien, les autres ignorant, que ce système est la négation du principe et du but de cette Association.

Quel est le but de l’Internationale ? C’est d’émanciper, n’est-ce pas ? la classe ouvrière par l’action solidaire des ouvriers de tous les pays. Et quel est le but de la coopération bourgeoise ? C’est d’arracher un nombre restreint d’ouvriers à la misère commune, pour en faire des bourgeois au détriment du plus grand nombre. N’avons--