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et sur la jurisprudence, la possibilité de vivre sans travailler est considérée comme un honneur et un privilège, et la nécessité de travailler pour vivre comme un signe de dégradation, comme une punition et une honte.

Le jour où le travail musculaire et nerveux, manuel et intellectuel à la fois, sera considéré comme le plus grand honneur des hommes, comme le signe de leur virilité et de leur humanité, la société sera sauvée ; mais ce jour n’arrivera pas tant que durera le règne de l’inégalité, tant que le droit d’héritage ne sera pas aboli.

Cette abolition sera-t-elle juste ?

Mais si elle est dans l’intérêt de tout le monde, dans l’intérêt de l’humanité, comment pourrait-elle être injuste ?

Il faut bien distinguer entre la justice historique, politique, juridique, et la justice rationnelle ou simplement humaine. La première a gouverné le monde jusqu’à cette heure, et elle en a fait un réceptacle d’oppressions sanglantes et d’iniquités. La seconde doit nous émanciper.

Examinons donc le droit d’héritage au point de vue de la justice humaine.

Un homme, nous dit-on, a gagné par son travail quelques dizaines, quelques centaines de mille francs, un million, et il n’aurait pas le droit de les laisser en héritage à ses enfants ! Mais ce serait une atteinte au droit naturel, une inique spoliation !

D’abord il a été prouvé mille fois qu’un travailleur