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dans l’avenir l’abolition du droit d’héritage soit la condition suprême de l’égalité. Mais il y en a qui craignent que si on allait l’abolir présentement, avant qu’une nouvelle organisation sociale n’ait assuré le sort de tous les enfants, quelles que soient les conditions dans lesquelles ils sont nés, leurs enfants, après la mort de leurs parents, ne se trouvent dans la détresse.

« Comment ! disent-ils, j’ai amassé à la sueur de mon front, en me condamnant aux plus cruelles privations, deux cents, trois cents ou quatre cents francs, et mes enfants en seront privés ! » — Oui, ils en seront privés, mais en revanche ils recevront de la société, sans aucun préjudice aux droits naturels de la mère et du père, un entretien, une éducation et une instruction que vous ne seriez pas capable de leur assurer avec trente ou quarante mille francs. Car il est évident qu’aussitôt que le droit d’héritage sera aboli, la société devra prendre à sa charge tous les frais du développement physique, moral et intellectuel de tous les enfants des deux sexes qui naîtront en son sein. Elle en deviendra ainsi la tutrice suprême.

Nous nous arrêtons à ce point, parce qu’il rentre dans la question de l’instruction intégrale, sur laquelle une autre commission doit vous faire son rapport.

Mais il est un autre point que nous devons élucider.

Plusieurs prétendent qu’en abolissant le droit