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Mais comment le gagner ? Par des promesses de liberté et d’égalité politique ? Ce sont des mots qui ne touchent plus les travailleurs. Ils ont appris à leurs dépens, ils ont compris par une dure expérience, que ces mots ne signifient pour eux rien que le maintien de leur esclavage économique, souvent même plus dur qu’auparavant. Si donc vous voulez toucher le cœur de ces misérables millions d’esclaves du travail, parlez-leur de leur émancipation économique. Il n’est plus d’ouvrier qui ne sache, maintenant, que c’est là pour lui l’unique base sérieuse et réelle de toutes les autres émancipations. Donc il faut leur parler de réformes économiques de la société.

« Eh bien, se sont dit les ligueurs de la Paix et de la liberté, parlons-en, disons-nous socialistes aussi. Promettons-leur des réformes économiques et sociales, à condition toutefois qu’ils veillent bien respecter les bases de la civilisation et de l’omnipotence bourgeoise : la propriété individuelle et héréditaire, l’intérêt du capital et la rente de la terre. Persuadons-les qu’à ces conditions seules, qui d’ailleurs nous assurent la domination et aux travailleurs l’esclavage, le travailleur peut être émancipé.

Persuadons-les encore que, pour réaliser toutes ces réformes sociales, il faut faire d’abord une bonne révolution politique, exclusivement politique, aussi rouge qu’il leur plaira au point de vue politique, avec un grand abattis de têtes si cela