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pleins de mépris arrogant pour les masses illettrées, et s’imaginent qu’ils sont appelés à former entre eux une nouvelle caste dominante, c’est-à-dire exploitante.

Aucun raisonnement ni aucune propagande ne seront jamais en état de convertir ces malheureux. Pour les convaincre, il n’est qu’un seul moyen : c’est le fait ; c’est la destruction de la possibilité même des situations privilégiées, de toute domination et de toute exploitation ; c’est la révolution sociale, qui, en balayant tout ce qui constitue l’inégalité dans le monde, les moralisera en les forçant de chercher leur bonheur dans l’égalité et dans la solidarité.

Il en est autrement des ouvriers sérieux. Nous entendons par ouvriers sérieux tous ceux qui sont réellement écrasés par le poids du travail ; tous ceux dont la position est si précaire et si misérable qu’aucun, à moins de circonstances tout à fait extraordinaires, ne puisse avoir seulement la pensée de conquérir pour lui-même, et seulement pour lui-même, dans les conditions économiques d’aujourd’hui et dans le milieu social actuels, une position meilleure ; de devenir, par exemple, à son tour, un patron ou un conseiller d’État. Nous rangeons naturellement aussi dans cette catégorie les rares et généreux ouvriers qui, tout en ayant la possibilité de monter individuellement au-dessus de la classe ouvrière, n’en veulent pas profiter, aimant mieux souffrir encore quelque temps de l’exploitation bour-