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non seulement dans chaque couche de la société, mais presque dans chaque famille, on reconnaîtra qu’au point de vue des capacités intellectuelles et de l’énergie morale, l’immense majorité des hommes se ressemblent beaucoup ou qu’au moins ils se valent, la faiblesse de chacun sous un rapport étant presque toujours compensée par une force équivalente sous un autre rapport, de sorte qu’il devient impossible de dire qu’un homme pris dans cette masse soit beaucoup au-dessus ou au-dessous de l’autre. L’immense majorité des hommes ne sont pas identiques, mais équivalents et par conséquent égaux. Il ne reste donc, pour l’argumentation de nos adversaires, que les hommes de génie et les idiots.

L’idiotisme est, on le sait, une maladie physiologique et sociale. Il doit donc être traité non dans les écoles, mais dans les hôpitaux, et l’on a droit d’espérer que l’introduction d’une hygiène sociale plus rationnelle, et surtout plus soucieuse de la santé physique et morale des individus, que celle d’aujourd’hui, et l’organisation égalitaire de la nouvelle société, finiront par faire complètement disparaître de la surface de la terre cette maladie si humiliante pour l’espèce humaine. Quant aux hommes de génie, il faut d’abord observer qu’heureusement, ou malheureusement, comme on voudra, ils n’ont jamais apparu dans l’histoire que comme de très rares exceptions à toutes les règles connues, et on n’organise pas les exceptions. Espérons toutefois que la société à venir trouvera dans l’organisation réellement pratique et