Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intelligences à un travail manuel, à l’égal des intelligences les plus inférieures ? — Oui, nous le voulons, et pour deux raisons. La première, c’est que nous sommes convaincus que les grandes intelligences, loin d’y perdre quelque chose, y gagneront au contraire beaucoup en santé de corps et en vigueur d’esprit, et surtout en esprit de solidarité et de justice. La seconde, c’est que c’est le seul moyen de relever et d’humaniser le travail manuel, et d’établir par là même une égalité réelle parmi les hommes.

(Égalité du 17 juillet 1869.)


V

Nous allons considérer maintenant les grands moyens recommandés par le socialisme bourgeois pour l’émancipation de la classe ouvrière, et il nous sera facile de prouver que chacun de ces moyens, sous une apparence fort respectable, cache une impossibilité, une hypocrisie, un mensonge. Ils sont au nombre de trois : 1o  L’instruction populaire, 2o  la coopération, et 3o  la révolution politique[1].

Nous allons examiner aujourd’hui ce qu’ils entendent par l’instruction populaire.

Nous nous empressons de déclarer d’abord qu’il est un point où nous sommes parfaitement d’accord avec eux : l’instruction est nécessaire au peuple. Ceux qui veulent éterniser l’esclavage des masses

  1. La coopération fera le sujet d’un article spécial (p. 210) ; quant à la révolution purement politique, voir les articles Politique de l’Internationale (p. 169).