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vail, ce qui ne sera réalisable pourtant que lorsque le capital ne prendra plus d’intérêt et que la propriété de la terre ne produira plus de rente, puisque l’intérêt et la rente ne se prélèvent que sur les fruits du travail.

De même, il veut conserver aux bourgeois leur liberté actuelle, qui n’est autre chose que la faculté d’exploiter, grâce à la puissance que leur donnent le capital et la propriété, le travail des ouvriers, et il promet en même temps à ces derniers la plus complète égalité économique et sociale : l’égalité des exploités avec leurs exploiteurs !

Il maintient le droit d’héritage, c’est-à-dire la faculté pour les enfants des riches de naître dans la richesse, et pour les enfants des pauvres de naître dans la misère ; et il promet à tous les enfants l’égalité de l’éducation et de l’instruction que réclame la justice.

Il maintient, en faveur des bourgeois, l’inégalité des conditions, conséquence naturelle du droit d’héritage ; et il promet aux prolétaires que, dans son système, tous travailleront également, sans autre différence que celle qui sera déterminée par les capacités et penchants naturels de chacun ; ce qui ne serait guère possible qu’à deux conditions, toutes les deux également absurdes : ou bien que l’État, dont les socialistes bourgeois détestent aussi bien que nous-mêmes la puissance, force les enfants des riches à travailler de la même manière que les enfants des pauvres, ce qui nous mènerait directement au