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une foule de journaux qui expriment leurs besoins, leurs vœux, leur pensée ?

À côté de la banqueroute intellectuelle et morale dûment constatée, d’où vient encore cette banqueroute financière de la Ligue de la paix et de la liberté ?

Comment ! tous ou presque tous les radicaux de la Suisse, unis à la Volkspartei de l’Allemagne, aux démocrates garibaldiens d’Italie et à la démocratie radicale de la France, sans oublier l’Espagne et la Suède, représentées, l’une par Emilio Castelar lui-même, et l’autre par cet excellent colonel qui a désarmé les esprits et conquis tous les cœurs au dernier Congrès de Berne ; comment ! des hommes pratiques, de grands faiseurs politiques comme M. Haussmann et comme tous les rédacteurs de la Zukunft, des esprits comme MM. Lemonnier, Gustave Vogt et Barni, des athlètes comme MM. Armand Gœgg et Chaudey, auraient mis la main à la création de la Ligue de la paix et de la liberté, bénie de loin par Garibaldi, par Quinet et par Jacoby de Kœnigsberg, et, après avoir traîné pendant deux ans une existence misérable, cette Ligue doit mourir, aujourd’hui, faute de quelques milliers de francs ! Comment ! même l’embrassement symbolique et pathétique de MM. Armand Gœgg et Chaudey, qui, représentants, l’un de la grande patrie germanique, l’autre de la grande nation, en plein Congrès, se sont jetés dans les bras l’un de l’autre, en criant devant toute l’assistance ahurie : Pax ! Pax ! Pax !