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leurs n’héritera de rien du tout ; tant que l’intérêt du capital et la rente de la terre permettront plus ou moins à ces privilégiés de vivre sans travailler ; et en supposant même, ce qui, dans un pareil rapport de fortune, n’est pas admissible, — en supposant que dans la société tous travaillent, soit par obligation, soit par goût, mais qu’une classe de la société, grâce à sa position économiquement et par là même socialement et politiquement privilégiée, puisse se livrer exclusivement aux travaux de l’esprit, tandis que l’immense majorité des hommes ne pourra se nourrir que du travail de ses bras ; en un mot, tant que tous les individus naissant à la vie ne trouveront pas dans la société les mêmes moyens d’entretien, d’éducation, d’instruction, de travail et de jouissance, — l’égalité politique, économique et sociale sera impossible.

C’est au nom de l’égalité que la bourgeoisie a jadis renversé, massacré la noblesse. C’est au nom de l’égalité que nous demandons aujourd’hui soit la mort violente, soit le suicide volontaire de la bourgeoisie, avec cette différence que, moins sanguinaires que ne l’ont été les bourgeois, nous voulons massacrer, non les hommes, mais les positions et les choses. Si les bourgeois se résignent et laissent faire, on ne touchera pas à un seul de leurs cheveux. Mais tant pis pour eux si, oubliant la prudence et sacrifiant leurs intérêts individuels aux intérêts collectifs de leur classe condamnée à mourir, ils se mettent en travers de la justice à la fois historique