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tique et social, après avoir rendu des services éminents à la civilisation du monde moderne, est aujourd’hui historiquement condamnée à mourir. C’est le seul service qu’elle puisse rendre encore à l’humanité qu’elle a servie si longtemps par sa vie. Eh bien, elle ne veut pas mourir. Voilà l’unique cause de sa bêtise actuelle et de cette honteuse impuissance qui caractérise aujourd’hui chacune de ses entreprises politiques, nationales aussi bien qu’internationales.

La Ligue toute bourgeoise de la paix et de la liberté veut l’impossible : elle veut que la bourgeoisie continue d’exister et qu’en même temps elle continue à servir le progrès. Après de longues hésitations, après avoir nié au sein de son comité, vers la fin de l’année 1867, à Berne, l’existence même de la question sociale ; après avoir repoussé dans son dernier Congrès, par le vote d’une immense majorité, l’égalité économique et sociale, elle est enfin arrivée à comprendre qu’il est devenu absolument impossible de faire désormais un pas en avant dans l’histoire sans résoudre la question sociale et sans faire triompher le principe de l’égalité. La circulaire invite tous ses membres à coopérer activement à « tout ce qui peut hâter l’avènement du règne de la justice et de l’égalité ». Mais en même temps, elle pose cette question : « Quel rôle doit prendre la bourgeoisie dans la question sociale ? »

Nous lui avons déjà répondu. Si réellement elle désire rendre un dernier service à l’humanité ; si son