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rester en dehors et au-dessus du travail, il n’y a pas de force humaine qui puisse l’empêcher d’opprimer et d’asservir le travail.

Le capital existant en dehors et au-dessus du travail, — c’est la bourgeoisie, c’est la constitution de sa puissance économique, politique et sociale. Le travail restant en dehors et au-dessous du capital, — c’est le prolétariat.

Tant qu’ils resteront en dehors l’un de l’autre, peut-on les réconcilier ? Peut-on inventer une constitution politique qui empêche le capital d’opprimer et d’exploiter le travail ? — C’est impossible. Toutes les transactions qu’on ferait n’aboutiraient qu’à une exploitation nouvelle du travail par le capital, et tourneraient nécessairement toutes au détriment des travailleurs et au profit des bourgeois : car les institutions politiques n’exercent une puissance que tant qu’elles ne sont pas en contradiction avec la force économique des choses ; d’où il résulte que tant que le capital restera entre les mains des bourgeois, rien ne pourra empêcher ces derniers d’exploiter et d’asservir le prolétariat.

Le capital ne pouvant pas être détruit, et ne devant pas demeurer concentré entre les mains d’une classe séparée, exploitante, il ne reste qu’une seule solution : c’est l’union intime et complète du capital et du travail ; les bourgeois doivent être forcés à devenir des travailleurs, et les travailleurs doivent conquérir la propriété non individuelle, mais collective, du capital : car s’ils allaient partager entre eux le