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qu’il est, mais au contraire de ne point l’être assez, de s’être arrêté à mi-chemin et de s’être mis par là même en contradiction avec le principe révolutionnaire, qui est le sien aussi bien que le nôtre. Le radicalisme révolutionnaire a proclamé les droits de l’homme, par exemple : ce sera son honneur éternel ; mais il se déshonore aujourd’hui en repoussant la grande révolution économique sans laquelle tous les droits ne seront qu’une vaine parole, une tromperie. Le socialisme révolutionnaire, cet enfant légitime du radicalisme, méprise les hésitations de son père, l’accuse d’inconséquence et de lâcheté, il passe outre ; mais en même temps il reconnaît volontiers la solidarité révolutionnaire qui existe entre le radicalisme et lui, et jamais M. le docteur Coullery ne parviendra à nous entraîner dans le camp de la réaction aristocratique et mômière.

M. Coullery désirerait bien pouvoir nier son alliance avec le parti des anciens royalistes, qui aujourd’hui s’intitulent les démocrates dans le canton de Neuchâtel. Mais cela lui est impossible. Les réactionnaires, vieux roués politiques, sont naturellement plus habiles et plus pratiques que lui, et il suffit de leur avoir donné le bout du doigt pour qu’ils s’emparent de toute votre personne. Ils connaissent l’art d’entortiller et d’absorber les individualités les plus récalcitrantes dans leurs filets. M. Coullery, dans sa fatuité naïve, s’imagine peut-être qu’il va les tromper, et ils l’ont trompé déjà ; il prétend les conduire, il les suit. Il leur sert aujour-