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excepté un très court moment dans sa vie, au début de la Réformation, — qu’a-t-il dû devenir pendant ces siècles d’immobilité et d’absence de pensée absolues ? Un excellent instrument pour toutes les entreprises du despotisme, tant au dedans qu’en dehors ; une base très solide pour la propagande, le rayonnement et les envahissements du despotisme dans le monde entier.

Si l’Allemagne n’a plus été conquérante à partir de la Réformation et jusqu’à la fin du dix-huitième siècle, si elle a laissé ce rôle à la France de Richelieu et de Louis XIV, ce ne fut point faute de disposition, mais uniquement faute de puissance. La Réformation avait porté un coup mortel à l’Empire germanique, l’avait dissous de fait, sinon encore en droit. L’Allemagne était infiniment divisée. L’Allemagne catholique, coupée d’ailleurs en deux parties inégales par la jalousie séculaire de l’Autriche et de la Bavière, était tenue en échec par une foule de petits princes |70 protestants toujours prêts à se coaliser, et au besoin même à s’appuyer sur la France catholique contre elle. Cela réduisait naturellement toute l’Allemagne à une complète impuissance.

Étrange situation que celle d’un peuple très nombreux, très robuste, conquérant et envahisseur autant par tradition que par goût, — les Slaves en savent quelque chose, et les Italiens aussi, — disposé de plus à devenir un excellent instrument de conquête par son esclavage même, par cette disci-