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lecture de la Bible, qui enivrait à très bon marché ces bons bourgeois protestants, par la communion du Saint-Esprit ou la communication directe avec Dieu par le Christ. On conçoit qu’un tel régime ait dû former des sujets très appropriés aux besoins du despotisme.

Tel fut donc, dans cet étrange pays, l’effet de la double révolution qui marqua la transition du moyen âge à l’âge moderne ; de la révolution qui, sur les ruines de la propriété féodale, devait fonder la puissance nouvelle du capital ; de la révolution religieuse qui avait réveillé la vie politique dans tous les autres pays. En Allemagne, cet effet peut être résumé en ces mots : Appauvrissement et engourdissement matériel, prostration intellectuelle et morale.

Quelques écrivains allemands, Schiller entre autres, ont cherché à s’expliquer ce fait si douloureux pour leur patriotisme, en l’attribuant exclusivement aux désastres immenses causés en Allemagne par la guerre de Trente ans, dont elle fut en même temps le théâtre et la victime. Mais les autres pays furent-ils réellement épargnés ? La Hollande ne fut-elle pas autant ravagée par Philippe II, l’Angleterre par les Stuarts, et la France par la Ligue catholique et par la monarchie absolue depuis le commencement des guerres de religion jusqu’à la proclamation de l’édit de Nantes ? Eh bien, tout cela n’a pas empêché la Hollande de fonder sa liberté |62 et sa prospérité matérielle ; l’Angleterre