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apporter, courbés et tremblants, les fruits de leur travail au château. La bourgeoisie et les corps de métier reprirent paisiblement leurs occupations et leurs habitudes laborieuses quotidiennes, ne gardant pour toute distraction et pour consolation que la lecture de la Bible, et payant tous les impôts qu’on voulut sans résistance, sans protestation, sans murmure.

L’Allemagne était ainsi définitivement devenue et resta pendant trois siècles mortels le paradis des despotes, la terre de la tranquillité, de la soumission, de la résignation, et de la médiocrité la plus désolante, oui, désolante sous tous les rapports, car même le mouvement économique, celui de l’industrie et du commerce, s’était considérablement ralenti en comparaison de l’énergie et de l’activité qu’il avait déployées depuis la naissance de la Ligue hanséatique, entre le treizième et le quinzième siècles. Après la Réforme, ce mouvement pour ainsi dire se glaça, en sorte que l’Allemagne resta bien loin non seulement en arrière de pays protestants tels que l’Angleterre et la Hollande, mais même en arrière de la France catholique. On peut même dire que ce n’est qu’à partir du premier quart de notre siècle qu’elle a commencé à participer au grand mouvement de l’industrie et du commerce mondial.

Aujourd’hui même, elle n’y tient évidemment que le quatrième ou même le cinquième rang, après l’Angleterre, la France, les États-Unis, et la très petite mais très industrieuse Belgique, et, sous le rapport