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quinzième siècle, elle avait fait mine de se réveiller. Au commencement du seizième siècle, elle eut en effet quelques années d’élan magnifique : Luther, Ulrich von Hutten, Franz von Sickingen, Thomas Münzer, et bien d’autres encore, semblèrent vouloir l’entraîner dans une voie inconnue et riche de pensée, de passion et d’action, dans la voie de la liberté. Électrisés par leurs prédications ardentes, frémissant d’espérance et de foi, des masses de paysans, brisant leurs chaînes antiques, se levèrent au cri de Guerre aux châteaux et paix aux chaumières ! Ils saccagèrent et détruisirent les châteaux, et pendirent ou massacrèrent les seigneurs et les prêtres.

« C’était la réaction », dit Lassalle et répètent avec lui tous les marxiens. C’était la réaction, disent-ils, parce que la révolution, qui n’est telle que lorsqu’elle est bien civilisée, bien scientifique, c’est-à-dire bien bourgeoise, ne peut pas sortir de la barbarie des campagnes. Le paysan ne peut faire que de la réaction, d’où il résulte que le premier devoir de la révolution, c’est d’empêcher, de réprimer à toute force, quelque mouvement de paysans que ce soit. Dociles à ce précepte, les bourgeois radicaux de l’Allemagne l’ont en effet réprimé en 1830, aussi bien qu’en 1848, et c’est à cause de cela sans doute qu’ils jouissent aujourd’hui d’une si grande liberté. En 1525, le triomphe de cette étrange « révolution », tout allemande, sur cette « réaction » paysanne, fut complet. Les paysans, abandonnés et trahis par les bourgeois