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tion 56| établie, il n’est pas seulement permis, mais il est commandé par la plus sainte des causes de faire servir l’Internationale, y compris toutes les Fédérations des autres pays, comme un moyen très puissant, très commode, très populaire surtout, à l’édification du grand État pangermanique. Et c’est là précisément ce que M. Marx avait tenté de faire, tant par les délibérations de la Conférence qu’il avait réunie en septembre 1871 à Londres, que par les résolutions votées par ses amis allemands et français au Congrès de la Haye. S’il n’a pas mieux réussi, ce n’est assurément pas faute de très grands efforts ni de beaucoup d’habileté de sa part, mais probablement parce que l’idée fondamentale qui l’inspire est fausse et que la réalisation en est impossible.

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Cette identification de la cause de l’humanité avec celle de la grande patrie germanique n’est point une idée absolument nouvelle. Elle a été explicitement exprimée pour la première fois, si je ne me trompe, par le grand philosophe et patriote allemand Fichte, dans une série de lectures qu’il a faites à Berlin après la bataille d’Iéna, pour ainsi dire sous la baïonnette des soldats français qui tenaient garnison dans la capitale de la Prusse, et qui, enivrés de toutes leurs victoires et ignorants comme il convient à de braves généraux, officiers et soldats de la France,