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sine quà non de la prospérité de l’un et de l’émancipation de l’autre, on trouvera naturel qu’il désire que l’Allemagne s’organise en État et nécessairement en État très grand et très fort, puisque les États faibles et petits courent toujours le risque de se voir engloutir. Par conséquent M. Marx, comme patriote perspicace et ardent, doit vouloir la puissance et la grandeur de l’Allemagne comme État.

Mais, d’un autre côté, M. Marx est un socialiste célèbre, et de plus l’un des initiateurs principaux de l’Internationale. Il ne se contente pas de travailler pour la seule émancipation du prolétariat de l’Allemagne ; il tient à honneur et il considère comme son devoir de travailler en même temps pour l’émancipation du prolétariat de tous les autres pays ; ce qui fait qu’il se trouve en pleine contradiction avec lui-même. Comme patriote allemand, il veut la grandeur et la puissance, c’est-à-dire la domination, de l’Allemagne ; mais comme socialiste de l’Internationale, il doit vouloir l’émancipation de tous les peuples du monde. Comment résoudre cette contradiction ?

Il n’est qu’un seul moyen, c’est de proclamer, après s’en être persuadé soi-même, cela s’entend, que la grandeur et la puissance de l’Allemagne comme État est la condition suprême de l’émancipation de tout le monde, que le triomphe national et politique de l’Allemagne, c’est le triomphe de l’humanité, et que tout ce qui est contraire à l’avènement de cette nouvelle grande puissance omnivore est ennemi de l’humanité. Une fois cette convic-