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doit être fort, dit M. Engels, pour maintenir dans l’ordre ces millions d’analphabètes dont le soulèvement brutal pourrait tout détruire et tout renverser, même un gouvernement dirigé par des têtes débordantes de cervelle.

Vous voyez bien qu’à travers toutes les phrases et toutes les promesses démocratiques et socialistes du programme de M. Marx, on retrouve dans son État tout ce qui constitue la propre nature despotique et brutale de tous les États, quelle que soit la forme de leur gouvernement, et qu’à la fin des comptes l’État populaire, tant recommandé par M. Marx, et l’État aristocratico-monarchique, maintenu avec autant d’habileté que de puissance par M. de Bismarck, s’identifient complètement par la nature de leur but tant intérieur qu’extérieur. À l’extérieur, c’est le même déploiement de la force militaire, c’est-à- dire |55 la conquête ; et à l’intérieur c’est le même emploi de cette force armée, dernier argument de tous les pouvoirs politiques menacés, contre les masses qui, fatiguées de croire, d’espérer, de se résigner et d’obéir toujours, se révoltent.

Laissons maintenant les considérations générales sur l’État, et entrons plus avant dans la politique réelle, nationale de M. Marx. Comme M. Bismarck, il est un patriote allemand. Il veut la grandeur et la puissance de l’Allemagne comme État. Personne ne pourra d’ailleurs lui faire un crime d’aimer son pays et son peuple ; et puisqu’il est si profondément convaincu que l’État est la condition